Déclaration du congrès du NPA (11 décembre 2022)
Urgence et actualité de la révolution, nous continuons le NPA
Le congrès du NPA a réuni ce week-end à Saint-Denis 210
délégués, représentant les 2 013 membres du parti. La plateforme
A a recueilli 91 votes, soit 6,21 %, la plateforme B 711 voix, soit
48,50 %, et la plateforme C 664 voix, soit 45,29 % (c’est-à-dire
47 voix d’écart). Il s’est tenu quelques mois après que
l’ensemble du NPA a mené la campagne présidentielle du NPA,
campagne qui a contribué à un nouvel afflux militant vers le NPA,
en un an, de plus de 500 militants et militantes, jeunes, scolarisés
ou travailleuses et travailleurs qui ont rejoint les rangs du parti.
Malgré ces pas en avant, une partie de la direction sortante du NPA
a choisi de quitter le congrès avant tout vote, dont les votes
décisifs d’orientation, pour mener seule une politique en
direction de la Nupes et de sa principale composante LFI, entamée
aux régionales de 2021 en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, et
confirmée à l’occasion des législatives de 2022. Une politique
de séparation minoritaire, qui n’a recueilli dans un huis clos que
100 voix, tandis que le parti avait envoyé 210 délégués à ce
congrès. Les quelques scissionnistes de la direction sortante ont
fait le choix de tenter de faire exploser le parti au mépris du vote
démocratique des militants et militantes qui pourtant, dans leurs
assemblées électives, avaient voté majoritairement une motion
explicite en faveur de « continuer le NPA », ou en votant
majoritairement pour des plateformes qui refusaient la scission, dont
notre plateforme C. Cette plateforme est largement majoritaire dans
le secteur jeunes du NPA, dans de nombreuses branches
professionnelles (transports, Poste, auto…) et des fédérations
départementales importantes (Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux,
Rouen…).
Ce choix est irresponsable, d’autant
plus que la situation nationale et internationale exige que les
révolutionnaires resserrent leurs rangs et avancent des perspectives
d’émancipation révolutionnaire pour le monde du travail et la
jeunesse. Qu’ils se regroupent plutôt que de se diviser. Mais le
NPA continuera, malgré le départ de ses principaux porte-parole.
Nous, délégués de la plateforme « Actualité et urgence de la
révolution », qui avons recueilli la quasi-moitié des votes du
parti, assumons cette responsabilité vis-à-vis de l’ensemble du
NPA, de ses comités, de ses fédérations et de ses branches quels
que soient les votes au congrès. Dès lundi, nous réunirons toutes
les instances du NPA.
Nous en appelons à tous les
militants et militantes de notre parti, derrière la majorité qui
s’est exprimée contre la scission, à poursuivre la construction
du NPA avec nous. Et au-delà, avec nous, par responsabilité
internationaliste, à lutter contre l’émiettement de l’extrême
gauche et du mouvement révolutionnaire à l’échelle mondiale. Le
NPA s’est toujours conçu comme un pôle de regroupement des
révolutionnaires, vers un parti révolutionnaire des travailleurs.
Et des travailleuses.
Ici en France, le monde du travail
se trouve confronté à une offensive tous azimuts du patronat et du
gouvernement. Salariés, dont les plus précaires, chômeurs et
chômeuses, retraités, handicapés sont durement frappés. Avec une
inflation dépassant les 6 % en rythme annuel, les salaires sont
rognés un peu plus chaque jour, et les classes populaires promises à
de nouveaux sacrifices : pour beaucoup, il est question d’avoir
faim et froid, sans électricité et chauffage, cet hiver. Pour le
début de l’année 2023, les tarifs des transports en commun, des
péages autoroutiers, de la poste, etc., sont tous annoncés à la
hausse. Et le gouvernement lance son attaque contre le montant des
pensions des anciens et anciennes, entre autres par le recul de l’âge
légal de départ en retraite.
Cet automne a été marqué
déjà par un grand nombre de mobilisations et de grèves, pour des
augmentations de salaire, émiettées et isolées mais déterminées.
La journée de rendez-vous national de grève du 18 octobre, de
soutien aux grévistes des raffineries mais aussi de rage contre
Macron et son gouvernement qui voulaient les réquisitionner, a
montré qu’une explosion de colère était possible. Il y a urgence
à préparer les mobilisations et leur généralisation, seules à
même de changer le rapport de force et de repousser ces attaques
patronales et gouvernementales : pour une hausse des salaires et des
pensions de 400 euros net mensuels pour tous et toutes, aucun revenu
en dessous de 2 000 euros et un alignement systématique des salaires
sur les prix, pour une retraite à taux plein en cotisant 37 ans et
demi au maximum et dès 60 ans. Il s’agit en fait d’imposer un
partage du travail entre toutes et tous – pour travailler toutes et
tous et travailler moins –, sans diminution de salaire, avec, au
contraire, des salaires qui suivent le coût de la vie. À l’exigence
d’arracher ces revendications vitales s’ajoute la colère face à
la dégradation croissante des conditions de santé, d’éducation,
de transports, comme face aux dégâts écologiques qui pourrissent
la vie quotidienne des classes populaires et de la jeunesse. Ces
exigences d’une autre vie, qui ne soit pas sacrifiée aux profits,
s’obtiendront par la lutte de classe, par une riposte d’ensemble
du monde du travail et non pas dans les institutions. Ce n’est ni
au Parlement, ni dans les salons du dialogue social que le monde du
travail pourra arracher des victoires. Il n’y aura pas, comme le
défend la FI, de capitalisme à visage humain, ni de révolution
citoyenne par les urnes. Nous réaffirmons la nécessité et la
possibilité de construire un parti révolutionnaire, car faire
reculer le patronat et à terme lui arracher le pouvoir, ne se fera
pas par les élections. Dans l’immédiat, le NPA va prioriser la
construction des mobilisations, avec toutes celles et tous ceux, et
ils sont nombreux autour de nous, organisés politiquement,
syndicalement ou dans des associations, et plus nombreux encore non
organisés, qui voudront aller dans ce sens. Nous manifesterons en
cortège du NPA à la Marche des solidarités du 18 décembre
prochain, que nous appelons à rejoindre massivement.
Face à la montée des courants et idées nauséabondes de
l’extrême droite, nationalistes et racistes, largement reprises
par la droite et le gouvernement lui-même, face à la guerre et au
chaos vers lequel nous emmène la société capitaliste, nous avons
une responsabilité particulière vis-à-vis de notre classe sociale,
une responsabilité pour l’aider à avoir confiance dans ses
propres forces pour lutter sur son propre terrain et sortir des
illusions institutionnelles. Alors que le monde du travail montre sa
force de blocage de toute la société quand il se met en grève.
Force de blocage mais force de réorganisation de toute la société,
si les prolétaires en lutte poussent au-delà et s’organisent pour
jeter les bases de leur propre pouvoir. La situation internationale,
elle aussi, en appelle à nos responsabilités. Des grèves et vagues
de grèves éclatent dans différents pays, dont l’Angleterre. Plus
généralement, on assiste à une vague inédite de contestations
sociales de grande échelle. En 2019, moins de dix ans après les
révolutions arabes de 2011, nous avons connu un regain de
contestations de masse : aux quatre coins du globe et aujourd’hui
en Iran et en Chine. Elles s’ajoutent aux luttes massives des
femmes pour le droit à l’IVG et contre les violences sexistes et
sexuelles, aux luttes pour les droits des LGBTI, aux luttes des
jeunes et moins jeunes pour le climat et contre le racisme.
Au
moment où se profilent les périls réels de militarisation et de
durcissement autoritaire des régimes contre les classes populaires,
mais où des réactions et capacités d’affirmation se présentent
pour notre classe un peu partout dans le monde, il est temps de faire
vivre dans les faits un pôle révolutionnaire. De regrouper ces
forces, minoritaires mais bien réelles, qui militent pour le
renversement révolutionnaire du système. Un système capitaliste
qui accumule les preuves de sa faillite à satisfaire les besoins de
l’humanité, alors qu’aujourd’hui, parmi les huit milliards
d’individus, une majorité est maintenue au bord de la survie. Nous
nous adressons à toutes les travailleuses et travailleurs, aux
jeunes et moins jeunes, révoltés par le système d’exploitation
capitaliste et son cortège de misère, de guerres et d’oppressions
: rejoignez-nous pour son renversement et portons tous ensemble sur
le devant de la scène l’actualité et l’urgence de la révolution
!
Déclaration
du 11 décembre 2022, adoptée à Saint-Denis par les délégués au
congrès